Incontestablement l’éducation nationale nous prépare une catastrophe nationale. Car comme dit l’adage « pour détruire un pays il faut saboter l’éducation des jeunes générations ».
Le secteur public est aux abois ! Les établissements sont délabrés, les effectifs dégringolent au point de menacer sérieusement l’existence de nombre d’écoles, de collèges et de lycées.
Le secteur privé fait pire avec sa marchandisation au rabais de l’enseignement. Les quelques établissements sérieux ne doivent pas nous cacher la forêt.
Personne n’ignore la situation. Malheureusement aucun signe d’un redressement ou d’un début de redressement.
Rien ne permet en effet de penser que les choses vont changer.
Pour les gouvernements successifs, le budget de l’éducation porte principalement sur la masse salariale dont le FMI et la Banque Mondiale réclament des réductions drastiques. On doit d’ailleurs dater le début de la descente aux enfers de l’éducation comme de tous les secteurs sociaux à leur programme d’ajustement structurel !
Pour les organisations syndicales, les revendications ne portent que sur leurs salaires. Comme s’ils ne comprenaient pas que leur sort est lié à celui de l’éducation nationale. Comme s’ils ne comprenaient pas que des revendications uniquement corporatistes, quelles que soient leur légitimité, n’entraîneront pas l’adhésion et la mobilisation du peuple.
Des multiples séminaires ont été organisés pour penser l’éducation et dessiner des orientations de sortie de crise. Malheureusement rien de positif n’en est jamais sorti. On y subissait les « experts internationaux », spécialistes de l’aide au développement, imbus de leurs connaissances, qui viennent imposer des visions hors contexte, des solutions passe-partout qu’ils font adopter dans les pays africains sous leurs coupes. Des messes internationales durant lesquelles des sommes folles sont jetées par les fenêtres et qui pondent des voies de garage sans retour !
La question cruciale : d’où peut provenir le sursaut national espéré.
Certainement pas du pouvoir en place. De toute évidence, l’émergence immerge. La réception à Beït Salam des chefs syndicalistes n’est que de la poudre aux yeux. Déporter l’assainissement du fichier des enseignants vers les syndicats est une supercherie qui a eu raison du mouvement de grève du primaire et du secondaire. Reste la grève de la faim des contractuels de Patsy, ces professeurs d’université traités comme des mouchoirs à jeter !
Encore moins de l’Opposition officielle. Ceux là ont été aux affaires. Ils ont fait leurs preuves. Seul le politicien les intéresse !
Au final la catastrophe nationale semble inéluctable. Doit-on pour autant se résigner, se laisser embourber dans le fatalisme et le comoro-pessimisme ou au contraire oser prendre le taureau par les cornes.
L’organisation patriotique en gestation UKOMBOZI, avait appelé à la suite des résultats scolaires désastreux de l’année scolaire 2020-2021 à un séminaire pour penser l’éducation nationale comorienne. Car les questions s’enracinent dans la réalité comorienne. Il s’agit entre autres :
• De langue d’éveil pour nos enfants
• De la langue officielle du pays, celle qui doit servir de base dans l’enseignement
• De la place du Koran dans le système éducatif comorien
• Des acquisitions de nos enfants aux différentes étapes de leur croissance.
• Des orientations en matière de formation post lycée : le haut niveau et les formations techniques des différents échelons
• De la contribution du privé étant entendu que c’est le public qui doit servir de force motrice
Les prochaines vacances scolaires devraient lancer le processus, faire éclore les idées et déboucher sur un plan de redressement de l’éducation pour les 5 ou dix ans à venir !
Le président Azali pourra-t-il en prendre l’initiative ? On peut en douter ! On peut néanmoins l’espérer. Sinon pourquoi les syndicats et leur confédération ne pourraient-ils pas en enclencher la dynamique ?
Idriss (21/05/2022)