Discours du président Azali sur l’état de la nation : l’indignité nationale au pouvoir

Vendredi 30 décembre 2022, Azali a prononcé devant le pays, au palais du peuple, un discours sur l’état de la nation. Un événement politique de premier plan pour tous les pays qui pratiquent cet exercice constitutionnel. Il convient donc de se pencher sur ce discours pour en saisir tout le sens.

Quelle incurie d’Azali et de son entourage proche. Un tel discours devait avoir de la hauteur, de la dignité. Au lieu de cela, nous avons eu droit à un discours superficiel, sans consistance. Azali et les siens semblent considérer les gens comme des demeurés, croient pouvoir duper le monde en racontant n’importe quoi.

Quelle autosatisfaction ! Tout le long de son discours, Azali s’auto congratule. Il se félicite de la croissance du PIB « de 1,8 en 2019 à 3,5% en 2022, du classement du pays « de pays les moins avancés à pays à revenus intermédiaires ». Il traverse tous les secteurs d’activité avec une désinvolture stupéfiante. Comme s’il ignorait les conditions de vie calamiteuse de l’immense majorité des citoyens. Comme s’il suffisait de taire le taux d’inflation record (18,2% selon l’Institut National des Statistiques dans son dernier bulletin). Comme s’il suffisait de gommer les multiples pénuries des biens de première nécessité. Comme si les émeutes du riz n’ont jamais eu lieu. Une suffisance arrogante qui sonne comme un défi au peuple.

Quelle légèreté de sauter à pieds joints sur la dette publique. Un « marché de la dette », décrété avec fatuité, suffit-il à définir une politique de la dette ? « Stabilité bancaire et financière », de quel objectif concret s’agit-il ?

Quelle irresponsabilité d’évacuer les questions essentielles pour la vie des Comoriens ? Face par exemple à une éducation nationale en perdition, marquée par des grèves incessantes, Monsieur le président se contente de généralisations banales sur « une révision de la règlementation de l’enseignement privé » et ose se prévaloir de « réhabiliter les établissements scolaires », ces établissements en ruine, des chancres sur le front de son régime.

Quelle stupidité de vouloir faire croire à une explosion des créations d’entreprises !

Quelle ignominie de survoler la question fondamentale du changement climatique, une seule phrase sur une question vitale pour la planète, une menace palpable qui pèse déjà sur nos petites îles.

Quelle outrecuidance de s’étendre sur ses incessants et longs déplacements à l’étranger. Cette diplomatie de la main tendue qui nous fait honte et qui semble primée par une main obscure qui pousse, non sans arrières pensées malignes, Azali à la présidence de L’Union Africaine.

Quel scandale que ce zapping de la question de Maore ! On atteint le sommet de l’indignité nationale

Doit-on rappeler au Chef de l’Etat comorien qu’il a deux tâches principales : la gestion de la partie indépendante et le recouvrement de l’intégrité territoriale du pays. Il célèbre ses prédécesseurs, les artisans de l’indépendance en ignorant que cette indépendance reste incomplète, après 50 ans.

Ne pas avoir consacré quelques paragraphes à la lutte que mène notre pays sur la « question de l’île comorienne de Mayotte » suivant la terminologie de l’ONU, témoigne si besoin est, de la capitulation du pouvoir Azali.

Ne pas avoir fait preuve de compassion face aux dizaines de milliers de Comoriens disparus dans le bras de mer Ndzuwani – Maore témoigne de l’humanité de notre président-imam.

Le président Azali rentrera dans l’Histoire du pays comme celui qui, en 2005, a rompu l’isolement régional de Maore, isolement qui rendait la cession insupportable, ce qui du même coup a ouvert la voie au processus qui a conduit à la départementalisation de l’île comorienne.

Le président Azali poursuit son œuvre antinationale en ouvrant la voie à la reconnaissance internationale de l’annexion de Maore par la France.

Se repêchera-t-il à la tête de l’Union Africaine en donnant une forte impulsion au Comité des 7, l’organe ad hoc constitué par l’ancêtre de l’UA chargée de la question de Mayotte ? On peut toujours l’espérer sans trop se faire des illusions.

Moroni le 03/01/2023
UKOMBOZI | Comité National | contact@ukombozi.net

Cet article a 2 commentaires

  1. Mach

    Nous voulons le quoi faire, le quand et où.

    1. Merci Monsieur pour votre commentaire.
      Vous soulevez la question essentielle. Malheureusement il n’y a pas une recette pour y répondre.
      Votre question se situe à la base de la création de notre Organisation. Nous croyons qu’il faut commencer par élaborer un programme politique fondamental qui se fonde sur une analyse profonde des contradictions qui enserrent notre pays et sur cette base systématiser une orientation fondamentale qui pourra se décliner en des objectifs concrets suivant les situations concrètes que nous vivrons.
      Nous invitons tous ceux qui le souhaitent à contribuer librement aux échanges en cours (item programme). Vos contributions seront les bienvenues.
      Merci encore

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