MAYOTTE ET LES ANTILLES

Les Antilles en ébullition. Des vraies scènes de guerre. Des maisons qui brûlent, des magasins pillés, des routes barricadées. Des face à face violents entre jeunes et gendarmes dont le GIGN appelé en renfort. Il est même question de tirs d’arme à feu ! Des scènes qui réveillent le souvenir de l’âpre lutte contre la vie chère à Mayotte en 2011.

On a voulu faire croire qu’il s’agissait d’une simple réaction contre l’obligation de la vaccination des soignants. Mais la réalité s’est rapidement imposée. Il s’agit d’une véritable révolte. Révolte contre la vie chère, contre le chômage massif (plus du double par rapport à la France), contre un vécu colonial qui amène les « outremers » à se sentir des « français à part » (déclaration d’un manifestant dans un média français).

Révoltes cycliques des « outre-mer » qui révèlent l’hypocrisie et le cynisme d’un Etat français, incapable de sortir de son histoire coloniale. « Un empire qui ne veut pas mourir » (titre d’un nouveau livre sur l’histoire de la FrançAfrique).

S’imagine-t-on un département de France soumis à des coupures d’eau des jours durant. Dans les pires moments de crise de l’eau en France, on recommande de ne pas laver les voitures, de ne pas arroser les champs ; jamais des coupures ne serait-ce que d’une journée !

Des départements d’outre-mer portés à bout de bras par l’Etat français ! Est-ce qu’on caractérise ainsi les départements de France ? Département ou pas, le traitement des « Outre-mer » porte l’empreinte d’une histoire coloniale vivace. Et c’est aussi cela qui explique la révolte brutale de la jeunesse. Car vivre d’assistance, cela peut passer un temps mais pas tout le temps, pas pour les futures générations. L’absence de perspective dans son propre pays ou région frustre, pousse à la révolte.

Face à l’ampleur de la révolte, l’Etat français riposte avec sa stratégie bien rôdée : combinaison judicieuse de répression et de ruse.

Le bâton en premier lieu : déploiement de force, rétablir le calme à tout prix. Si cela ne marche pas, combiner la répression à des tentatives de récupération de la révolte. Et le ministre des outremers de sortir de sa casquette : l’autonomie. Un tabou ! une limite franchie. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit pas d’indépendance ! L’ouverture revêt des allures d’une menace. Comment la pauvre Guadeloupe pourra-t-il s’autogérer sans la manne française ? Qui plus est, la défiance des citoyens envers leurs élus serait une réalité incontournable qui priverait  même d’interlocuteurs crédibles pour définir l’autonomie ? Enfin comment ne pas compter sur ceux et celles qui ne veulent pas d’un saut vers un inconnu !.

Evidemment que la « montagne accouchera d’une souris ». Il n’en reste pas moins que les choses avancent. Que le 101° département, le département d’Outre-mer le plus jeune et le plus pauvre dispose de matière pour se forger une opinion tangible sur sa destinée.

Mayotte où la départementalisation révèle les dysfonctionnements coloniaux au grand jour : ostracisme qui frappe les cadres maorais (« cf le livre Mayotte en sous-France », le quartier « 100 villas » qui confine à de l’apartheid pur et dur, etc.

Mayotte qui croyait que la départementalisation solutionnerait tous ses problèmes économiques et sociaux et qui se trouve confronter à la vie chère, au chômage de masse de la jeunesse, à une insécurité chronique. Mayotte où le rêve d’un eldorado vire au cauchemar décillant les yeux à de plus en plus de Maorais.

Reste que Mayotte n’est pas un département comme les autres. C’est le produit d’une arnaque, un territoire annexé suite à l’indépendance inachevée des Comores. C’est une illustration des pratiques des grands pays qui imposent tranquillement leurs intérêts au monde, qui déstabilisent à volonté des pays. Un indice tangible qui prouve s’il le fallait que c’est toujours les lois de la jungle qui gouvernent les relations internationales malgré l’existence de l’ONU, de sa Charte et de ses résolutions.

Idriss (28/11/2021)

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