BAC 2021 : une catastrophe nationale effroyable

Les années se suivent et se ressemblent. Comparons nos résultats avec quelques pays, chiffres glanés sur internet.

Maore plus de 54 %, Réunion plus de 80 %, Martinique plus de 87 %, Guadeloupe plus de 90 %, Guyanne plus de 85 %, France plus de 90 %. Où se trouve l’intrus !

Maurice plus de 90 %, Madagascar plus de 42 % en 2019, Seychelles plus de 90 %.

Sénégal plus de 37 %, Cote d’Ivoire plus de 29 %, Tchad plus de 26 %, Guinée plus de 26 %

On peut se forger une idée claire de la dynamique concrète entre enseignement et développement économique et social. Les résultats du bac constituent un indicateur tangible du progrès ou pas d’une société.

De ce point de vue, les résultats successifs du BAC aux Comores sont effroyables. Conséquence logique : le pays s’enfonce de plus en plus dans un gouffre dont on ne perçoit pas le fond. La vie culturelle s’appauvrit. Le débat politique tombe de plus en plus bas. La pauvreté s’étend exposant les citoyens à une vilenie sonnante et trébuchante de politiciens véreux. Les partis politiques qui occupent les devants de la scène sont désespérantes. Est-il possible d’évoquer une perspective sérieuse de sortie de crise ? Existe-t-il une organisation qui incarne les aspirations du peuple comorien ?

Pour suggérer des prescriptions à un état aussi calamiteux, on doit d’abord s’approcher d’une explication objective de la situation. Elle s’applique surtout aux ex colonies africaines de la France. Force est alors d’indexer la Banque Mondiale et le FMI qui impose leurs programmes ultra libéraux à des gouvernants soumis, sans vision autre que la main tendue.

Après les indépendances, l’argent a coulé à flots. L’Occident disposait d’immenses capitaux qu’il fallait fructifier en investissant massivement au nouvel eldorado africain. Des projets faramineux furent mises en œuvre sans se demander comment les pays allaient rembourser.

On découvrit l’incohérence lorsque vint le temps des remboursements des dettes. Le FMI et la Banque Mondiale imposèrent alors leur Programme d’Ajustement Structurel (PAS). Le noyau du PAS : équilibres macro économiques. Le slogan : trains de luxe des États africains, des fortunes colossaux amassées par les dirigeants africains corrompus. En réalité l’objectif était simple : obtenir le remboursement des dettes. Ils imposèrent des mesures radicales qui ont progressivement appauvries les peuples. Réduction des budgets sociaux : santé, enseignement, fonction publique. Au lieu de faire payer ceux qui avaient profité des aides : les multinationales occidentales et les pontifes noires et leurs laquais.

Dégringolades de nos pays. La misère s’étend et nos « bienfaiteurs », la main sur le cœur nous pondent maintenant des programmes contre la pauvreté et nous formulent des nouveaux concepts (société civile, genre, divers fractures, etc.) et sigles (DSRP, PPTE, etc) qui font la joie des cireurs des pompes des « consultants » internationaux ; ces experts en service qui s’interrogent encore sur qui est premier entre la poule et l’œuf, comme s’il n’avait pas fallu des milliers d’années pour que l’homme modélise le processus de ponte, jusqu’à en imaginer un processus artificiel.

Ces programmes internationaux ne s’attaquent toujours pas au train de vie des États ni aux fortunes mal acquises qui enrichissent les pays du nord (dépôt dans des banques internationaux, investissements dans l’immobilier, achats luxueux qui font la joie d’entreprises occidentales, ..) Non on poursuit la même politique au service des grosses fortunes du monde.

La catastrophe dans notre pays saute aux yeux. Pour se soigner il faut partir à l’étranger. Il n’y a pratiquement plus d’enseignement publique : on y trouve de moins en moins d’élèves, les bâtiments sont délabrés. Le privé est devenu un refuge, un pis aller sauf pour quelques rares établissements. L’enseignement n’est plus le noble métier qu’il était. Réduit à la misère les enseignants pensent plus à leurs salaires qu’à leur métier ? Peut-on parler d’un métier quand il ne permet pas de survivre ? Bien sûr on ne peut pas non plus les absoudre complètement au regard de leurs responsabilités face au pays, à son devenir ? A la limite ils peuvent bloquer l’école privé et public de sorte à imposer des mesures à la hauteur de la situation. Peut-être perdre une année pour sauver celles qui viennent. Un vigoureux cri d’alarme envers le peuple qui fera trembler ces pouvoirs insensibles à la vie des gens et à l’avenir du pays.

Il n’y a pas de remède magique, réformiste. Incontestablement le pays a besoin d’un traitement de choc. Certains chercheront à faire dériver cette colère vers des absurdités du genre public contre privé pour éviter de s’attaquer au système lui même.

Il faut une vision à long terme que le peuple doit s’approprier pour mieux le défendre et contrôler les chemins suivis pour assurer un enseignement de qualité à tous les enfants comoriens.

Idriss 02/10/2021

Cet article a 5 commentaires

  1. Al-habib

    Bonjour,
    depuis quand MAORE est un pays? (Cf. « Comparons nos résultats avec quelques pays, chiffres glanés sur internet. »

    1. Peut-être que mon propos est confus ou peut prêter à confusion. Dans l’article il y a des résultats de certains pays, mais pas que. Puisqu’on compare les résultats en France et dans ses « possessions » ultra marines comme elle dit. Et c’est là où apparait Maore, on y souligne l’hiatus.
      En tout cas qui connait notre engagement sur la « question de l’île comorienne de Mayotte » ne peut pas penser que nous considérons Maore comme un pays.
      En tout cas merci de nous avoir permis de clarifier les choses, du moins j’espère.

  2. Moilim

    La diversité de l’offre de formations avec l’intégration de l’enseignement technique et professionnel dans le système éducatif national. Cet enseignement se faisait sur « la base d’une approche projets » maintenant, il est en permanence dans le système scolaire et l’Etat doit former et recruter des enseignants et des encadreurs pédagogiques, il doit elaborer des curriculas et construire puis équiper des bâtiments pour garantir la performance de cet enseignement. Autant pour le preelementaire et l’intégration de l’ecole coranique traditionnelle dans le système éducatif national. Bref, le Ministre sortant de l’éducation nationale, Mr Moindjie Mohamed Moussa, a posé les bases d’une éducation nationale résiliente.

  3. Moilim

    Voyons ce qu’est le problème de l’éducation comorienne à travers ce qui se passe en France, en Allemagne, aux USA ou ailleurs ? Ou bien on prend sur la base de notre problème et nous commençons à trouver des solutions. Le diagnostic posé par le Ministre de l’éducation nationale sortant, Mr Moindjie Mohamed Moussa est pourtant le meilleur et la nouvelle loi d’orientation de l’éducation y apporte les réponses. Faut-il accepter cette opération chirurgicale, risquée et douloureuse, pour bien faire au niveau de notre éducation ? En tout cas, il a eu le mérite de dire que l’Education ne se lègue pas. C’est un effort personnel. Il a mis en place ce mécanisme de repression de la fraude et des fraudeurs, la régulation de l’ecole privée, le bulletin unique, l’exigence de l’apprentissage et l’usage des langues française, arabe et anglaise, l’Education au patrimoine, au développement durable, la journée de mérite de l’éducation nationale au 1er jeudi de chaque rentrée scolaire. Tout ça, pour permettre à l’ecole comorienne de s’autocontroler.
    Bref, j’étais presque le seul à m’émerveiller du discours de ce ministre et ces résultats sont à prendre pour le départ de l’amélioration du système éducatif comorien si et seulement si, la suite aille dans le même sens.

    1. Merci pour votre contribution.
      Nous sommes tout à fait pour reprendre les choses à partir de la base, construire une vision de l’éducation aux Comores sans intervention d’experts internationaux. Par contre tous les travaux antérieurs seront le bienvenus pour nourrir la réflexion.
      Elaborer un programme à long terme qui aborde toute la problématique et qui systématise des préconisations. Une base pour tracer un chemin à suivre pas à pas et obliger par la lutte syndicale et populaire les autorités en place à les suivre.

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