MAORE : UNION CONTRE UNE RECONNAISSANCE INTERNATIONALE DE MAORE FRANÇAISE

Les dirigeants du séparatisme maorais ont toujours été très actifs. Élaborant les mots d’ordre les plus appropriés aux différentes périodes, mobilisant les masses et n’hésitant pas à s’opposer frontalement à la France. Ils sont allés de victoire en victoire. Ils cherchent aujourd’hui à transformer l’essai en obtenant une reconnaissance internationale de « Maore française ». Un bref aperçu pour mieux appréhender le danger.

A l’indépendance

Dans les années 1973-74, tout indiquait que le pays allait accéder à l’indépendance dans ses frontières naturelles. Dans le pays toutes les forces militaient dans ce sens sauf le Mouvement Populaire Maorais (MPM) qui apparaissait comme un petit groupuscule nostalgique condamné par l’Histoire.

Même les dirigeants français s’étaient prononcés publiquement pour l’indépendance dans l’unité du pays. On peut retrouver les déclarations lénifiantes du président français de l’époque sur ce qu’a toujours été l’unité des Comores, de son peuplement, etc.

Eh bien le MPM ne s’est pas découragé pour autant. Leur orientation : les Comores n’ont jamais existé, c’est le colonialisme qui a uni artificiellement les quatre îles. Pendant que Bamana dénonçait « l’indépendance à la con » en s’appuyant sur ce qui se passait en Afrique, Marcel Henry en France mobilisait. Il sut rallier à la « cause maoraise » certains barons gaullistes, nostalgiques de l’empire français comme Debré, Messmer, d’une part et d’autre part des groupes d’extrême droite français.

Par contre les unionistes laissèrent le champ libre au MPM. Le pouvoir Ahmed Abdallah ignorait la question maoraise, rassuré par les déclarations des autorités françaises. Pour sa part l’opposition considérait le MPM comme une de ses composantes. Car Marcel Henry leur fit croire que le problème était Ahmed Abdallah et non l’unité du pays.

Lorsqu’en 1975, Ahmed Abdallah découvre le problème et cherche à réagir avec ses formules pittoresques sur « le bœuf à trois pattes », il était trop tard. D’autant plus que l’opposition, Ali Soilihi en tête, n’avait que le pouvoir en tête. Elle allait servir de pion à la France pour punir Ahmed Abdallah pour avoir osé déclarer l’indépendance unilatérale contre la France.

Pour sa part « OMSOMO WANYEMENI » qui regroupait les jeunes patriotes de l’époque pesait peu et considérait une collaboration avec Ahmed Abdallah comme une ignominie.

La suite on la connaît.

Maore séparée

Le coup d’État du 3 août 1975, s’accompagna de la séparation de Maore. Au lendemain du coup d’État, l’administration comorienne de Maore fut balayée et remplacée par une administration franco-maoraise. Les consultations de mars -avril 1976 consolidèrent la séparation.

Le problème pour les séparatistes devint l’encerclement régional. Les pays de la Région sud ouest de l’Océan Indien avait quasiment banni l’île. Ce phénomène était lourdement ressenti, en premier lieu sur la participation de Maore aux Jeux Internationaux de l’Océan Indien (JIOI).

Le MPM obligea quasiment, manifestation à l’appui, la France à obtenir la participation de Maore aux JIOI. Il a fait jouer les voix des Maorais dans les élections françaises, la gauche et la droite se tenant dans un mouchoir de poche.

La propagande franco-maoraise visait la politisation des JIOI qui privait les jeunes de Maore des jeux. Les pressions françaises furent fortes.

Les gouvernements Ahmed Abdallah, Djohar, Taki résistèrent. Ahmed Abdallah proposa l’intégration des jeunes maorais dans la délégation comorienne. En vain bien évidemment car ce n’était pas le résultat attendu. La France, à la demande des Maorais, exigeait une participation de Maore en tant qu’entité distincte des Comores aux JIOI. Une prime à la séparation. Puisque dans cette logique les autres îles, Ngazidja et Mali devaient aussi prendre part aux jeux en tant qu’entité distincte. Il n’y aurait pas d’équipe comorienne mais quatre, une par île comorienne.

C’est Azali qui céda. Un marché de dupes entre lui et Chirac. Il brisa l’encerclement. La France et ses affidés maorais ont élargi la brèche au fil du temps jusqu’à la départementalisation.

Maore « départementalisée »

Le pas qui reste à la France et aux Maorais est la reconnaissance internationale de « Maore française ». Pas moins ! Et c’est la revendication de l’heure pour eux.

Les Maorais ont obtenu l’instauration du visa Balladur à l’occasion des présidentielles françaises qui opposait Balladur à Chirac dans le camp de la droite. Un visa criminogène responsable de la mort de dizaines de milliers de Comoriens dans le bras de mer Ndzwani-Maore.

Mais cela ne suffit pas. Il faut la reconnaissance internationale pour achever le processus et boucler l’annexion. Avec l’espoir d’un impossible retour en arrière, l’angoisse suprême des séparatistes.

La France et les Maorais cherchent à obtenir la validation de la sécession par le gouvernement comorien.

Ils ont tenté un passage en force lors des JIOI de la Réunion en 2015 mais les sportifs comoriens ont réduit à néant leurs visées : faire défiler Maore avec les insignes français comme s’il s’agissait d’un fait naturel.

Ils ont fait signer au gouvernement Azali un accord de partenariat limite (voir https://blogidriss.blogspot.com/2019/07/accord-cadre-comores-france-lacte-ii-du.html). Mais la validation n’est pas suffisamment claire. La capitulation d’Azali semble avoir quelque limite.

Alors les sécessionnistes avancent une autre revendication : que le gouvernement français fasse valider au plan mondial que Maore c’est la France.

Cette revendication est mise en avant à l’occasion de l’échec du haut conseil Comores-Maore-France que les élus Maorais ont boycotté.

On assiste à une série de faits qui convergent vers cet objectif.

Notre Marie Lepen nationale, Estelle Youssoufa, publie une lettre ouverte au gouvernement français pleine de haine envers les Comoriens et exigeant que Maore soit traité comme une vraie terre française.

Le président de la région Maore, Soibahadine, qui demande que Mayotte soit placé sous urgence sécuritaire, en réaction à l’invasion comorienne, etc.

Et de ce coté -ci, rien. Heureusement que le Comité Maore a changé de dirigeant et qu’il retrouve peu à peu son dynamisme d’antan. Il est le seul à avoir fait entendre une voix comorienne.

Notre bref aperçu historique montre bien que nos gouvernants ne se battent pas du tout sur la question de Maore

Jamais ceux qui détenaient le pouvoir n’ont appelé à un véritable front uni national, les intérêts partisans ont toujours primé.

Après la loi scélérate du 3 juillet 1975, l’opposition a choisi de pactiser avec la France au lieu de faire front ensemble contre l’ennemi.

Lorsque le visa Balladur a été instauré, quelle fut la réaction du pays ? Une simple manifestation à Moroni. Pas de plainte à l’ONU. Aucune pression diplomatique contre la France. Pas de réaction internationale dans le cadre de l’OUA, de la Conférence Islamique. Pas d’initiative conséquente pour la réinscription de la question de Maore à l’ordre du jour de l’ONU. Rien de rien.

Face aux morts du visa Balladur, aucune réaction des gouvernements comoriens, pas de plainte à la Cour Pénale Internationale contre Balladur et la France pour crime contre l’Humanité

Nos gouvernants se contente dans le meilleur des cas de phrases ronflantes dans des discours à usage interne. Ils le font de moins en moins quand on analyse le dernier discours à l’ONU du président Azali.

La question qui nous pend au nez : quelle riposte à la nouvelle stratégie sécessionniste ?

Le président Azali va-t-il rester les bras croisés et se trouver contraint d’accepter le fait accompli français ?

L’opposition va-t-elle uniquement loucher vers le pouvoir et oublier Maore dans son action internationale comme elle l’a déjà fait lors de son dernier voyage à Genève ? Un front uni national contre la reconnaissance internationale de « Maore française » est-il impossible ?

On peut et on doit le craindre. Mais rien n’est jamais perdu tant que le but n’est pas marqué. La meilleure défense c’est l’attaque. L’opinion publique peut-elle jouer un rôle ? Est-il envisageable que tous ceux qui veulent intervenir se retrouvent momentanément avec le Comité Maore pour prendre des initiatives ?

Idriss(14/02/2021)

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Cet article a 2 commentaires

  1. na.i.mane

    La question de Mayotte doit être une VRAIE lutte nationale. Encore une fois, notre histoire est très méconnue des comoriens eux-mêmes. Il n’est donc pas étonnant de trouver des discours complétement divergents à ce sujet. Pour moi, il faudrait que chaque comorien comprenne les origines de cette fracture et reconnaisse les mauvaises décisions qu’ont eu à prendre nos dirigeants au cours des années au lieu de toujours accuser la France.

    Inspirons nous du Maroc qui se bat pour le Sahara Occidental, de Madagascar et les Îles Eparses ou encore de l’Île Maurice et l’archipel des Chagos.

    1. Bien sûr que l’on doit indexer les chefs d’Etat qui se sont succédés depuis l’indépendance et qui ont plus ou moins servi la balkanisation du pays à un degré ou un autre. Mais le principal responsable de la sécession c’est la France. Comme notre histoire le montre, il change de fantoche suivant les circonstances.
      Une chose est sûre et le professeur Damir Ben Ali l’a souligné à plusieurs reprises. Les Comoriens ne connaissent pas leur pays. On leur apprend la France. L’enfant comorien apprend une vision idéalisée de la France et rien sur son pays. Il conclut qu’on apprend à nos enfants à s’ignorer et à aimer la France.
      Un vrai défi pour l’enseignement

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