UKOMBOZI, déclaration n°4 : Appel aux enseignants et à leurs syndicats !

Rien ne va sur le front de l’éducation nationale. Chacun le savait. Chaque année, les résultats du bac interpellaient les citoyens. La catastrophe nationale qui dure et qui aliène l’avenir de plusieurs générations d’enfants comoriens sautait aux yeux de tout un chacun. L’adage qui veut détruire un pays, sape son éducation revient de plus en plus souvent. Et cela se voit dans les différentes sphères de la vie économique, sociale, politique et culturelle .

En cette fin d’année scolaire 2020-2021, l’opinion comorienne est en effervescence. Des voix s’élèvent contre « la catastrophe nationale effroyable », contre « l’arrangement » des résultats (tous les participants au 2° groupe sont déclarés admis!) ; contre un « calendrier scolaire » qui pèse sur la poursuite des études, contre cette « université en vase clos », contre « l’état de catastrophe nationale », etc.

Une question fondamentale se pose : cette vive émotion va-t-il se dissiper et le cycle infernal se poursuivre ou bien un sursaut peut-il jaillir du tréfonds de notre peuple. Bien sûr les comoro -pessimistes baisseront les bras ; bien sûr certains considéreront qu’il faut attendre des lendemains qui chantent pour espérer saisir le taureau par les cornes. Heureusement qu’ils se trouvent aussi des personnes qui considèrent que les batailles se déroulent dans des contextes que l’on n’a pas choisi. Ce sont les combattants pour un progrès économique et social envisagé comme un processus sans fin.

C’est à ces derniers que l’organisation patriotique comorien UKOMBOZI s’adresse.

Entre une école publique en décomposition du fait de l’incurie démagogique des pouvoirs qui ne respectent pas leur carte scolaire, qui installent des lycées et collèges au gré des préoccupations électoralistes et une école privée qui transforme l’enseignement à de la marchandise, l’éducation comorienne a perdu le nord. A cela force est d’ajouter une attitude des parents qui frise l’irresponsabilité aussi bien dans le choix de certaines écoles privées que dans celui de ne se soucier que des passages en classe supérieure des enfants. Enfin les enseignants, traités comme des moins que rien rendant la profession repoussante. Les maladies qui minent l’enseignement produisent une situation de plus en plus complexe.

Seuls les enseignants et leurs syndicats sont en position de pouvoir en établir un diagnostic sérieux sur la base duquel il sera possible de définir une vision et une voie. Or jusqu’ici, les innombrables séminaires, assises, tenus dans le pays furent conduits par des experts internationaux prônant des solutions passe-partout sans aucun liens effectifs avec la réalité comorienne.

D’où l’idée consistant à considérer que le premier pas à accomplir pour enclencher un processus de redressement doit venir des enseignants. D’où notre proposition aux enseignants et à leurs organisations : se réunir dans un conclave sur initiative indépendante, sans interférences politiciennes ni étrangères pour établir un diagnostic de l’éducation. Sur cette base tracer un chemin et formuler les revendications minimales qui doivent être satisfaites à la prochaine rentrée scolaire pour inaugurer la voie nouvelle.

Engager de concert avec la population, une grande bataille sociale autour de ces revendications. Une bataille juste et nécessaire, pour l’avenir de nos enfants, pour les générations successives.

Le Comité National de UKOMBOZI
14/10/2021

Cet article a 2 commentaires

  1. Mohamed ALI MGOMRI

    Le diagnostic posé ici est intégral et juste, que ce soit l’ingérence des politiciens, une ingérence trop négative, que ce soit le rôle de commercialisation de l’école par le privé jusqu’à la perte par le pays de tant de moyens précieux pour récolter des pages entières de sorcellerie des experts étrangers qui ne connaissent rien su r l’historique de notre système éducatif. Le rôle des partenaires ici est entier. C’est eux qui noient l’expertise nationale.
    La folie des années 80 avec une sélection pointue a fait la décadence de notre système éducatif. Après la démocratisation de l’enseignement vers les années 70, la solution pour défier cette option politique juste n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Trop de jeunes se sont retrouvés hors scolarité et nous avons ainsi fabriqué un modèle et son contraire.
    Il me semble qu’actuellement, pour n’avoir pas surveillé notre école publique, nous nous sommes retrouvé avec un gros mensonge que nous applaudissons, l’école privé. Mais encore une fois quelle st la place de l’enseignant dans ce phénomène? La loi de la FOP et les textes règlementaires qui régissent l’éducation sont tous catégoriques, le fonctionnaire n’a pas le droit de concurrencer le service public et mettre à mal ses idéaux et le fonctionnaire enseignant n’a pas le droit de se faire de l’argent sur le dos des élèves. Ainsi, je doute fort sur la capacité de ceux-ci à se remettre en cause, à perdre leurs intérêts. Le dialogue ne peut être que de tous.

  2. Tabibou

    Parler des themes fondamentaux comme l’éducation et tirer la sonnette d’alarme aux acteurs principaux (enseignants, syndicat et non seulement l’Etat) serait un moyen de lutter contre l’inefficacité du gouvernement dans toutes ses formes. Continuons ainsi!

    Les enseignants et leur syndicats doivent aussi réclamer plus de moyens pour voir leurs condition de travail s’ameliorer et espérer des bons resultats. Mais malheureusement leurs greves se limitent sur la demande de paiement de salaire ou la hausse de celui ci.
    Ils sont les premiers à devoir crier leur manque et le faire constater meme si ce n’est un secret pour personne.
    On se doit de mettre un coup de pression à l’ensemble des fonctionnaires et leur rappeler de leurs responsabilités dont ils ont une obligation de mission.

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